Ô ma toute-petite,
ma première née,
Toi qui, j’aime à le dire, m’enseignas le métier
M’appris à être mère, moi qui ne savais pas
Que je n’existerais désormais que pour toi
Quand tu es apparue, l’air calme et étonné,
L’absolue certitude en moi s’est imposée
Que tu « étais » déjà, que tu n’étais pas mienne
Qu’il semblait évident que moi, je t’appartienne
Depuis, pas un seul jour sans que je m’émerveille
Devant ta joie de vivre, ton esprit en éveil
Ton regard sur le monde, ton cœur et ton sourire
Ou tes tendres câlins qui finissent en rires
Sans doute voulus-je un jour éviter que tu sois,
Comme il me souvenait que j’avais été, moi,
Enfant de solitude et de mélancolie
Heureuse de mes livres, mais hors de la vie
Je t’ai voulu un frère ou une sœur en partage
Pour apprendre à aimer un autre de ton âge
Jouer, se disputer, enfin communiquer
Chaque jour de la vie, pour vous y préparer
Et puis tu es venue, la seconde brunette
Ma boule d’énergie, une autre poussinette
Sans qui je n’aurais su qu’au lieu de se scinder,
Mon cœur, au contraire, se multiplierait
Que tu m’as fait souci et vibrer à ton tour
Au gré de tes années et ton immense amour !
Ton esprit créatif et ta vivacité
Valent, à fleur de peau, ta sensibilité
Ce fut l’apprentissage pour chacune de nous
Il y avait donc toi, et puis toi, et puis vous…
Comment imaginer avoir pu enfanter
Êtres si dissemblables et pourtant si parfaits ?
Bien sûr, fini le calme et place aux hurlements
Quand ce n’était pas l’une, l’autre me réclamant
C’était aussi la vie, et les pleurs, et les rires
La fatigue, le bonheur… sont impossibles à dire
Comme il était étrange enfin de retrouver
Mes défauts et mes goûts entre vous partagés !
Comme si, sagement et d’un accord commun,
Vous aviez préféré vous diviser la main
L’une aime les histoires à lire et à chanter
L’autre la rébellion, le théâtre et danser
Deux mini-moi, mais deux futures elles-mêmes
Aussi vrai qu’on récolte vraiment ce que l’on s’aime
Vous regarder grandir a été si rapide,
Vous transformer en jeunes filles aux cœurs avides
Coquettes ou révoltées, et du monde curieuses
Mais parfois solitaires, impatientes et rêveuses
Aujourd’hui il est vrai que vous me dépassez
En taille et, bien qu’il faille encore vous guider,
Vous affrontez déjà les épreuves et les joies
Avec vos propres armes et votre propre foi
Des liens tendres et solides vous arriment à l’autre
Et à l’aube des choix futurs qui sont les vôtres
Je ne peux qu’être fière, sourire et espérer
Que toujours nous relie ce nœud d’éternité !

maginfique et tellement juste, merci de partager cette aquarelle de la maternité !
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Ce texte me plaît énormément. Il me parle tant… Et me touche, au plus profond.
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