Bientôt se finira la course du soleil
La vague vient mourir sur la plage apaisée
L’air est doux et salé sur sa peau en éveil
Son regard est perdu loin, de l’autre côté
Vers les contrées lointaines d’où le vent a porté
Des êtres opposés et pourtant si semblables
Vers ce morceau de terre recouvert de sable
Au long gré des hasards et de la destinée
Immobile, l’air calme, que fait-il donc ici,
Attendant une femme qu’il ne reconnaît pas ?
Ou au contraire, si bien aux heures de la nuit
Où les mots doux et fous se mêlent au creux des voix
Pourtant je suis venue, bien sûr que je suis là
Je ne sais d’où me vient cette douce confiance
Du parfum de la mer ou de nos confidences ?
S’il ne m’avait pas plu, je ne le saurais pas
Pourvu qu’il reste ainsi, ne se retourne pas
Avant d’être tout près d’entamer une danse
Je l’ai connu tout autre et il me plaît déjà
Nos accords me reviennent comme une évidence
Rien ne le prévoyait, rien ne nous avait dit
ce jeu des concordances, des coïncidences
cette même longueur d’ondes et de rimes et d’esprit
la musique des mots et leur multiple essence
Dans notre mémoire vivent les écrits et les dires
J’aime tout ce qu’il sait et il sait ce que j’aime
Nous gardons nos distances mais parlons en sourires
Et la plage nous vogue de chamade en poème
Voilà l’œil qui pétille et la peau qui frémit
Au bord du précipice où se mêlent les sens
Prêts à se perdre ensemble jusqu’à l’inconscience
Jusqu’au bout du chemin qui traverse la nuit
Les grains nous accompagnent dans le creux des draps
Où ses lèvres me fondent, où ses bras me basculent
Son regard me transperce et m’enivre déjà
Et toujours cette faim de sa peau qui me brûle

