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Laissez-moi, laissez-moi tous, je vous en supplie
Plonger dans l’autre monde, l’univers des enfants
De nuages et de lunes, d’arc-en-ciels et de pluie
Peuplé de Pierrots bleus et de princes charmants
Laissez-les moi, de grâce, mes rêves et mes secrets,
Qui défendent leurrée d’un pays pur et beau
Où aucun d’entre vous ne pourra retourner
Et dont l’accès vous est à jamais fermé, clos
Vous l’avez oublié, tous perdus que vous êtes
Fiers de l’ordre établi, médiocres et lamentables
Vous débattant sans fin, interminable quête
Du bonheur ou, du moins, quand vous passez à table,
Pour des parts de gâteau que vous vous disputez
Tandis que d’autres attendent leur morceau, bien sages,
L’égoïsme et l’envie vous dévorent à moitié
Hommes civilisés ? Mais c’est un vrai carnage !
Vous avez cessé d’être des modèles pour nous,
Fatigués d’admirer des géants de papier
Aux idées préconçues et aux visages mous
Qui paraissent oublier jusqu’au sens d’exister…
